Mondialement admiré depuis trente ans pour ses personnages du «Génie des alpages», des moutons philosophes, intellos, bagarreurs, racistes, vicieux parfois mais craquants, Richard Peyzaret, dit F’Murrr (ou F'Murr) pour les intimes, est aussi le père de nombreuses autres figures majeures de la bande dessinée, moins connues sans doute mais non moins délirantes.
Voici le portrait de FMurrr, l'auteur de la série culte "Le Génie des Alpages" ...
Richard Peyzaret, dit F’Murrr ou F'Murr (Dessinateur & Scénariste)
FMurrr est Français, né à Paris le 31 mars 1946.
Etudes vagues et secondaires au lycée Charlemagne. Gribouillages sur tous les supports disponibles (ou indisponibles) et lecture intensive de BD, avec une admiration particulière pour Hergé et Franquin (l’Ecole belge).
Après avoir testé sans conviction le dessin d'humour, F'Murrr passe six ans aux Arts appliqués et atterrit dans l'atelier de Raymond Poïvet, où il rencontre le monde de la BD : Gigi, Dimitri et Mandryka, entre autres. Celui-çi lui fait rencontrer René Goscinny. Il débute alors dans le journal « Pilote » (Mâtin, quel journal!) en 1971 avec ses « Contes à rebours ». A partir des planches non retenues, FMurrr crée l’album « Au loup ! » C'est aussi dans Pilote que paraissent, deux ans plus tard, en 1973, les premières planches d'une série géniale et déjantée: « Le Génie des Alpages ».
On y retrouve dès le Tome I, le chien de berger, étrangement non nommé, Romuald le bélier noir, le « hum » chef du troupeau et l'esprit inimitable de la série. Du bocal de cornichons délirants et suicidaires - ils se jettent dans un ravin - qui délirent gentiment dans leur petit bocal puis qui se suicident en se jetant dans un ravin) ; de la concurrence entre le chien de berger et son voisin Berthold (de poêle) qui n’a pas vraiment le même QI ! en passant par l’inscription dans un carnet des touristes trucidés pendant la semaine …
Passant sans vergogne de cases fourmillant de détails plus délirants les uns que les autres à des cases zen, quasi abstraites, où F'Murrr trace un paysage en quelques coups de crayons, il ravit l'oeil comme l'esprit de ses lecteurs. Impossible de rester indifférent au joyeux vent de folie qui souffle sur ses Alpages...
Poussée par Guy Vidal, la série fini par s'imposer, et apporte à son auteur estime, célébrité et fan-club. Mais F'Murrr ne se limite pas aux alpages: un personnage de passage dans la série, Naphtalène, aura sa propre série, devanant elle aussi une véritable vedette.
Si l’on excepte sa parodie de Spirou, « Spirella mangeuse d'écureuils » où une espèce de Spirou femelle et un écureuil baraqué comme un ours entretiennent des rapports peu équivoques et endiablés !, F’Murrr affiche un goût prononcé pour le Moyen Age, ses gros sabots, ses cottes de mailles et ses gros mots. Il a revu et corrigé les aventures d’ « Attila » le Hun, de « Jehanne d’Arque » et de son fils « Tim Galère », de son ami « Robin (des Boîtes) », de l’archange Gabriel dans « Porfirio & Gabriel », ainsi que des célèbres Aveugles de la toile de Pieter Bruegel l’Ancien.
Avec « Le Pauvre Chevalier », F’Murrr s’attache à conter (à l’origine dans un des jolis albums petit format de la collection «Comics» de Casterman) la triste et brève histoire d’un très pauvre chevalier, Baron Nul, Comte de Surnombre, Marquis de Trop, Seigneur de Camelote. La chanson de geste de ce chevalier aussi inexistant que celui d’Italo Calvino et presque autant poète que le Don Quichotte de Cervantès incarne, dans son néant absolu, une merveilleuse parodie de tous les personnages moyenâgeux de la BD d’hier et d’aujourd’hui.
F’Murrr fait un peu le tour du métier de la BD : Il passe du « Canard Sauvage » à « Circus » , avec « Porfirio et Gabriel », suivi d'une collaboration peu concluante à « Fluide Glacial ». F'Murrr, qui a l'art de ne pas défaire son sac, s'installe alors à « Métal Hurlant ». On lui commande de la science-fiction et il leur offre « Jehanne d'Arque » ! Deux ans plus tard, il emmène Jehanne, sa protégée dans le premier numéro de « A Suivre ». Jolie comme un cœur, paillarde et portée sur la boisson, copine comme cochon avec Attila et Gilles de Rais, cette merveilleuse créature s'épanouit dans un Moyen-age peuplé de Huns et de mammouths. Elle tombe amoureuse d'un .. extra-terrestre ! Elle donne naissance à un fils, Timofort, dont les aventures seront relatées dans « Tim Galère ».
Notons au passage quelques créations isolées. Avec « Le Char de l'Etat », F'Murrr commente à sa manière désopilante l'invasion de l'Afghanistan par les chars russes. Puis, comprenant que cette affaire est tragique et qu'elle va durer, il abandonne. « Le Pauvre Chevalier » est une histoire pseudo-médiévale d'un chevalier raté qui pratique la lévitation.
Son Génie des Alpages reste un modèle de réjouissante pagaille et de non-sens rigoureusement maitrisé, absolument uniques dans la bande dessinée (ovine) contemporaine.
Aujourd'hui, F'murrr continue à travailler sur plusieurs bédés à la fois. Que celui qui n'a jamais vu passer dans le ciel le clan des Père Noël en solex, ou le facteur temps se rende d’urgence à la librairie la plus proche. Il vit dans la Drôme, dessine les affiches de la « Fête de la Transhumance » à Die, des étiquettes de Clairette et d’autres dessins que les collectionneurs s’arrachent. Le dernier album du Génie des alpages est paru en juin 2004.
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